j’ai choisi les mots : outrance, ouvrier, ouvroir ouate, ouest, ouragan ourson ouvrage outrecuidance.
On oublie peu à peu dans notre vie de dingue, que les ouvriers ont presque disparu puisque qu’on a fendu notre industrie à …. l’étranger. Aussi je fais hommage à ces personnes qui donnent beaucoup mais dans la poésie.
La poésie de l’ouvrier
Dans son ouvroir tout au bout de l’ouest, l’ouvrier s’affaire dès l’aube. Autour de lui, les outils chantonnent, les copeaux dansent, et un brin de ouate s’envole comme un nuage distrait. Son ouvrage avance lentement, entre inspiration et transpiration — deux muses qu’il connaît bien. Il travaille avec passion, parfois jusqu’à l’outrance : on dirait qu’il veut battre l’ouragan à la course ! Son marteau cogne, son cœur suit, et même les vis semblent battre la mesure.
Mais attention, derrière sa salopette et ses mains calleuses, sommeille un poète… et un peu d’outrecuidance aussi ! Car il se dit, en secret, que sans lui, le monde tiendrait à peine debout. Un ourson en peluche veille sur son établi — souvenir d’une fille, d’un rêve ou d’une sieste mal placée — et lui sert de confident. Parfois, il lui parle :
« Dis donc, petit, tu crois que le génie a besoin d’un diplôme ? »
Et quand il lève enfin les yeux vers le ciel, il croit voir un ouistiti perché sur le fil électrique, qui lui tire la langue avant de s’enfuir. L’ouvrier rit. La journée peut continuer : il a de la poésie plein les poches et des copeaux plein les rêves.