Mil et une la suite – 143 – la balade matinale

Miletune

Il n’a échappé à tous ceux qui me connaissent que ma chienne Neige pose pour la photo. Souvenir car elle est partie à l’âge vénérable de 19 ans. Mais en voyant toutes ce puzzle, les souvenirs affluent ! Un particulièrement ! Un matin alors que je venais de me presseur mon citron quotidien et ajouter de l’eau tiède, il parait qu’il y a plein de vitamines et que cela nettoie le foie, j’ai vu les chaussons de danse de ma petite Jeanne. Lors de sa dernière visite, elle avait dû oublier de les remettre dans son sac. Heureusement comme une bonne danseuse, elle en a plusieurs et je lui avais même montrer la photo de la tombe de Serge de Diaghilev, prise à Venise. Elle s’était montrée très intéressée par les photos de l’album et avait pris le temps de compulsé d’autres albums de mes voyages. Le masque inca l’avait fortement impressionnée tout en jade matière précieuse pour ce peuple disparu et le petit tuk tuk guatémaltèque rouge ; nous avions pris un mémorable fou- rire quand j’avais prononcé le mot : trimballe couillon !

Mon jus de citron bu, et je me dépêchais car Neige se manifestait pour sa sortie matinale. Attrapant la laisse non sans jeter un coup d’œil au tableau accroché la veille un bord de mer dégotté dans le vide grenier du village, je suis sortie de la maison. De suite la chienne, se précipita vers le portail qui comme d’habitude n’était pas fermé ; elle courut immédiatement vers le champ voisin dans le but certain de « lire son journal canin » alors que moi je m’arrêtais pour contempler mes belles ancolies et les molènes de Phénicie mauve qui se balançaient dans la brise légère de cette belle matinée. Au loin Neige aboyait, elle m’appelait ; je sortis de ma rêverie et la rejoignis. Elle était à l’arrêt devant un objet bizarre. Probablement oublié par un vendeur la veille, je reconnus un engin qui servait à tricoter des chaussettes. Je l’ai ramassé et tout le long de la balade je me suis demandé ce que j’allais en faire. Finalement dans la vitrine des curiosités, il serait du plus bel effet.  

Mil et une la suite – 136 – En abîme

Miletune

Assis dans le grenier poussiéreux, au milieu des objets oubliés, les souvenirs remontaient.  Il y avait longtemps que je n’avais pas fait de mise en abîme et aujourd’hui je plonge. Je me souviens de l’époque où la douce indifférence du monde ne m’atteignait pas encore. Mon regard suivait le fil de l’horizon, rêvant d’aventures inconnues.

Un jour, je suis tombé sur Le Chiendent, un livre étrange qui parlait d’un univers foisonnant et absurde. À cette époque, Les Choses simples de la vie me suffisaient, mais une soif de comprendre le mystérieux étranger qui sommeillait en moi grandissait. Plus tard, j’ai eu l’impression que Tout ce que nous allons savoir était déjà écrit quelque part, dans les étoiles peut-être. J’aimais me perdre dans Parc Sauvage, un recueil de poèmes qui évoquait une nature à la fois familière et insaisissable. J’y croisais parfois l’ombre énigmatique de Monsieur Teste, cet esprit acéré qui scrutait le monde avec une froideur analytique.

Et puis, il y avait cette histoire, celle de La Fille qu’on appelle…, un récit poignant qui m’a rappelé la fragilité et la force des êtres. Tous ces livres, chacun à sa manière, ont tissé la trame de ma propre histoire.

Mil et une la suite – 134 – Avec Perle

Miletune

Les bords de mer… Rien que ces mots évoquent une symphonie d’odeurs salées, le cri lointain des mouettes et cette sensation si particulière du sable frais sous les pieds. Aujourd’hui, Perle, trépigne d’impatience au bout de sa laisse. Ses petits yeux vifs pétillent à l’idée de à l’idée de cette exploration matinale, un rituel fondateur de nos journées.

Le ressac nous accueille avec son murmure constant. Les vagues, ourlées d’écume blanche, viennent mourir sur la grève dans un chuchotement continu, puis se retirent en un lent soupir, laissant derrière elles des coquillages aux formes étranges et des algues brillantes. Pompon, lui, ne se lasse jamais de courir après l’écume qui recule, ses petites pattes s’enfonçant avec bonheur dans le sable humide.

Notre balade se déroule au rythme de ses découvertes. J’ai toujours l’impression qu’elle lit un journal inaccessible pour moi. Un galet lisse et rond devient soudain un trésor à renifler avec attention. Une plume abandonnée est l’objet d’une danse joyeuse, ponctuée de petits jappements excités. Je la regarde s’émerveiller de ces riens, et son enthousiasme simple et pur déteint sur moi.

Perle s’arrête, le museau au vent, captant une nouvelle odeur. Peut-être celle d’un crabe tapi sous un rocher, ou le souvenir lointain d’un poisson échoué. Je la laisse explorer, savourant cet instant de calme et de connexion avec la nature. Nous poursuivons notre chemin.

Derrière nous nos empreintes éphémères sur le sable mouillé.

Mil et une la suite – 134 – une ballade

Miletune

Tôt ce matin j’ai mis ma casquette rouge
Assortie à mon sac à dos offert par ma mère.
Le jasmin déployait son parfum subtil et acidulé
J’ai laissé de côté les écheveaux de laine teints
Qui séchaient au soleil.
L’image de Mamie tricotant encore et encore des chaussettes
Qui piquent les chevilles en encombrent les baskets
Celles- là même que j’ai customisées et vissées à mes pieds
Pour marcher à l’unisson des chants d’oiseaux printaniers ;
Me chatouille et je rêve que de la nymphe Fructidor
M’emporte dans la grotte de Capri
Là où rien ne finit.

Mil et une la suite – 127 – Une lessive haute en couleur

Miletune

Une Lessive Haute en Couleurs

Chez la famille Duraton, le linge, c’était un peu comme un inventaire à la Prévert version linge sale. Des chaussettes orphelines, des slips troués, des pulls qui ont rétréci, des draps qui ont fait la grève du lit… Bref, un joyeux bazar textile qui s’entassait dans le panier à linge, prêt à déborder à chaque instant.

Ce samedi matin, c’est jour de lessive  et même de grande lessive. La machine familiale a rendu l’âme le mois dernier et depuis la famille Dubois décide d’aller laver son linge à la laverie automatique du quartier. Entre le père, la mère, et les deux enfants, le chat et le chien chacun a une mission bien précise : papa porte le panier de linge, maman s’occupe de la lessive, et les enfants… eh bien, ils sont là pour mettre le bazar et profiter des jets d’eau pour laver le chien Oscar.

Dès leur arrivée, catastrophe : Jules, le petit dernier, glisse et renverse toute une boîte de lessive en poudre par terre. Un nuage blanc envahit la laverie, et un vieux monsieur assiste dans un coin disparaît presque sous la poussière et éternue à grand bruit.

Papa essaie de rattraper la situation et verse un bouchon de lessive liquide dans le tambour… mais il se trompe de bouteille et vide le shampooing du chien à la place. « Ça lavera bien quand même », dit-il en haussant les épaules pendant qu’Oscar s’ébroue couvert de mousse !

Maman, elle, programme la machine mais n’a pas vu  que Jules a touché tous les boutons. Résultat : le cycle démarre en mode « 90°C – Essorage Tornade ». En voyant le linge tournoyer à une vitesse folle, Léa s’exclame : « On va récupérer des chaussettes taille Barbie et les tee-shirts comme une brassière arc en ciel !

Quand la machine s’arrête enfin, le linge ressort impeccablement propre, mais avec une odeur étrange… de lavande et de croquettes pour chien. « Au moins, on n’aura pas de puces », plaisante papa.

Finalement, laver son linge en famille, c’est un peu comme la vie : un mélange d’imprévus.

Mil et une la suite – 125 – Trop c’est trop

Miletune

en retyard dans mes publications ; heureusement les vacances sont là et je rattrape

Le geai, perché sur une branche tordue, poussait des cris rauques, comme s’il partageait ma fureur. Son aile battait l’air avec une nervosité qui résonnait avec la tempête en moi. J’avais trop encaissé, trop courbé l’échine. Dans ce cas, il n’y avait plus de place pour la patience, plus d’espace.

La haine grondait dans ma poitrine comme un orage prêt à éclater. Chaque goutte d’eau qui tombait du ciel semblait nourrir le feu qui brûlait en moi, au lieu de l’éteindre. Sur cette aire désertée par la raison, je serrais le manche de la hache, mes doigts blanchis par la force que j’imprimais. J’avais longtemps espéré un semblant de paix, une issue plus douce. Mais même la taie qui recouvrait autrefois mes nuits s’était imprégnée des ombres du doute et du ressentiment. Il n’y avait plus de retour possible. Seul restait le fracas de mes pensées, la lame de ma colère prête à s’abattre sur tout ce qui entravait ma liberté. Il ne me reste plus qu’à jouer à pile ou face ou aux dés.

A tout bientôt

Mil et une la suite – 126 – Diabolo

Miletune

Diabolo a sommeil ! il rêve bien sûr mais à quoi ?

Hier sa mère lui a raconté comment c’était une souris. Il n’en avait jamais vu lorsque sa mère lui avait déposé sous les moustaches un corps démembré. Il avait eu du mal à rassembler des morceaux pour que cela ressemble à quelque chose.

Aujourd’hui, il rêve d’un oiseau ! C’est quoi dis- maman un oiseau ? Sa mère lui a répondu qu’il devait l’imaginer avant de pouvoir le chasser ! Il sait quoi au juste. L’affaire possède un bec des ailes des pattes ah oui mais deux une tête avec deux yeux ; un de chaque coté ! un vrai puzzle ! Diabolo ouvre un œil. Il aperçoit aussi quelques plumes. Oui mais où les mettre ces plumes ! Oh qu’il a sommeil Diabolo !

Bon si je mets les pattes sur la tête cela ne va pas. Ah mais il a une grande queue aussi.C’est par là que je vais le choper le machin qui me nargue ! les ailes sous le ventre ? Non il reste encore des morceaux. Diabolo ouvre un oeil. Il a soif, mais il n’a pas le courage d’aller chercher la goutte d’eau dans le bassin. Mais au fait dans le bassin aux poissons, il y a des oiseaux qui viennent boire. Courageusement, Diabolo il ouvre le deuxième œil, juste au moment où une mésange lui passe sous le nez.

Pas le temps, elle est partie. Diabolo se rendort.

Mil et une la suite – 122 – Quand Jean…

Miletune

Pauvre Jean

Quand je vois cette photo, si belle si colorée, je ne peux m’empêcher de penser à cette histoire que l’on se raconte chaque fois que l’hiver approche.
Jean, homme fort, courageux toujours habillé avec sa chemise à carreaux du Canada, prend sa hache et s’en va vers la remise pour couper son bois. Sûr qu’au mois de novembre c’est un peu tard dans la saison mais Noélie, sa compagne l’a quitté, sur un malentendu et elle est partie convolée avec Justine l’ex de Jean. Le pauvre bougre a mis plus de trois mois pour se remettre de cette trahison.

Alors qu’il est en pleine action, un jeune de bel indien, plume au chapeau passe par là et tout en lui disant bonjour, il lui signifie que l’hiver va être rude. Jean qui pensait que son stère était suffisant pour l’hiver décida de continuer encore un peu. Un peu plus tard, le bel indien repasse près de lui, voit le tas de bois grossi et hoche la tête et dit :
« L’hiver sera rude et même très rude ! »
Dubitatif, Jean regarde son tas de bois évalue les stères et se dit que si le bel indien, autochtone lui dit qu’il fera froid et même très froid, c’est que cela va être terrible.
Il décide donc de couper encore quelques troncs. A la fin de la journée, Jean est épuisé mais très content. Il aura chaud cet hiver. Son poêle acheté avec Noélie sur un coup de cœur, va ronfler de toutes ses flammes et avec Totore, sa chienne patou, il va couler des jours tranquilles.
Alors qu’il se débarrasse de ses vêtements trempés de sueur, le bel Indien revient et lui dit dans un grand sourire :
« l’hiver sera froid très froid, rude très rude ! »
Jean est décontenancé. Pourtant au tonnage de bois entassé devant la terrasse, il pensait que finalement c’était bien suffisant. Agacé par cet olibrius, il finit par lui demander :
« Et pourquoi l’hiver sera froid, très froid et rude très rude et pourquoi pas glacial ? tant que vous y êtes ! »
Le bel indien caresse sa barbe de cinq jours et lui déclare :
« Chez nous on dit que quand l’homme blanc coupe du bois c’est que l’hiver sera rude ! »
L’indien entendit soudain le bruit d’un corps qui tombe ! Jean s’était évanoui !

Mil et une la suite – 122 – Le pianiste d’Alicia

Miletune

Alicia était là comme chaque jour depuis une semaine, après l’école. Il avait plu, une pluie orageuse qui avait laissé quelques flaques qui amusaient les enfants surtout les plus petits. Autour de lui, les passants vaquaient à leurs occupations ; certains pressés faisaient fi des trottoirs glissants d’autres prenaient leur temps et musardaient leur cabas à la main contemplant les vitrines qui à cette heure du jour commençaient à s’allumer. Lui, il ne voyait rien. Il était pris par la musique ; il la vivait au point d’oublier qu’il était installé devant un bistrot, qu’il faisait la manche pour gagner trois sous. Il jouait jouait jouait malgré l’humidité de son blouson malgré ce piano droit qui n’avait rien à voir avec son piano de concert.

Ah ! les concerts, il se souvenait de son rêve. Il s’était vu à Pleyel ou Berlin ou Carnagy Hall. Il se souvenait de Diane, violoniste avec qui il voulait monter un duo et en attendant ils s’étaient mariés et très vite Alicia était venue au monde, un bébé qu’il adorait. Mais rien de tout cela. Alors qu’il était promis à un avenir de concertiste brillant, un stupide accident, un bras brisé et le pouce broyé avait mis fin à sa carrière. Il s’imposa une rééducation longue et difficile pour récupérer de la dextérité, rééducation durant laquelle Diane le quitta emmenant Alicia avec elle, pour s’installer en Suisse, auprès de ses propres parents pendant qu’elle parcourait le monde avec les plus prestigieux orchestres.

Malgré son courage jamais il ne put revenir à un niveau international.

Maintenant il vivotait de quelques cours de musique et pour assurer un petit complément il était là le soir et essayait de faire connaître la musique, la grande musique.

Et puis un jour, Diane, revenue s’installer dans cette grande ville, l’avait aperçu. Elle en  avait été bouleversée et les remords se réveillèrent. Elle avait alors confié à Alicia que cet homme était son père. Bien sûr elle lui avait racontée quelques histoires à propos de lui mais les mots étaient un peu évasifs. Diane ne put empêcher sa fille de se rendre chaque jour rencontrer ce père qu’elle ne connaissait pas encore.

Voilà pourquoi Alicia calée comme le tronc d’un platane, venait l’écouter, l’entendre subjuguée par ses mains qui couraient qui caressaient les touches comme le souffle de la  brise.

Elle sait qu’il la voit. Sait-il qui elle est ? Osera-t-elle lui parler ? Moi je crois que oui.

Mil et une la suite – 118 – logorallye

Miletune

le concert

Les spectateurs étaient installés, les oreilles largement déployées, l’attention était à son comble.
Dans la vieille forteresse, ainsi nommée car la vieille église était bâtie avec les pierres du château moyen âge, huit compères sexagénaire au demeurant, amis comme cochon depuis la maternelle avait organisé un concert pour la saint Sylvestre. Ils étaient fins prêts.
L’idée, aussi sotte que grenue, avait germé dans l’esprit de Jean alors qu’il écoutait la fantaisie de Schubert, tandis qu’il tournait la sauce tomate bolognaise avec sa cuillère en bois transformée pour l’occasion en baguette de chef d’orchestre.
Contactés, les sept autres énergumènes avaient de suite souscrit à la proposition de Jean, histoire de s’amuser.
Ou mais quels instruments ? et où ? Mais bon sang mais c’est bien sûr, la vieille église un vrai palais pour l’acoustique. Et puis cela lui redorerai le blason, la remettrait au centre du village. On ne va pas se mentir, la messe n’est plus ce qu’elle était ; elle ne fait plus recette. Depuis longtemps les curés sont des baladins itinérants qui colportent la bonne parole de village en village.
Bon le lieu trouvé, quels instruments. Nos compères sont une équipe de bras cassés qui, s’ils entendent la musique ne savent pas l’interpréter. Et puis quelle œuvre ?
Le boléro ? la fantaisie de Schubert ? Ah non s’écrièrent en chœur Anatase, Fuschia et Zozine. Le 31 décembre c’est le « beau Danube bleu » ou bien la « Marche de Radetzky »
Protestation d’Urbain et timoléon qui préféraient le concerto pour violoncelle de Saint Saëns ! Finalement c’est Jean qui en chef d’orchestre eu le dernier mot. Il choisit un œuvre de Poulenc en hommage au petit poulain né la nuit dernière et baptisé Francis.
Dans la sacristie, on dégotta une vieille harpe bien désaccordée mais qui ferait l’affaire.
A vingt heures pétantes : Jean, baguette en main accueillit les musiciens en son palais musical
Procule lui ne sachant que siffler avait attrapé le sifflet ultrason ce qui fit venir le chien Dodo qui aboya joyeusement.
Fuchsia arriva avec une casserole et une louche en cuivre et tapa généreusement imaginant la tête de son époux volage.
Eubiote égrena quelques notes aigrelettes à la harpe qui eut envie de sortir de ses gonds (harpe à gonds) bien sûr.
Quant à Zozine, elle étala sa collection de verres plus ou moins rempli d’eau actionnée de quelques goutte eau de Javel pour imaginer qu’elle était bénite et tapotait sur le faux cristal avec fourchette et couteau.
Timoléon se déclara ténor e fut accompagné d’Anatase en chœur.

Sans aucun doute un orchestre naquit cette nuit là !