Boulingrins

au pluriel pour mettre un lettre de plus en anagramme

Au bowling

Ah, le bowling ! Le mien est près de l’an boulingrin, sacré où, sous les lumières tamisées, on troque nos souliers de ville pour des chaussures improbables, et où on lance des grosses boules en espérant faire tomber des quilles. Ce soir-là, c’était un peu plus épicé. Tout a commencé quand Bruno a décidé de nous faire le coup de la technique du bison en rut. Au lieu de lancer la boule, il a pris un élan bizarre en beuglant comme s’il avait marché sur un oursin. Sa copine, Mimi, a soupiré. Elle était là, toute en finesse, à attendre son tour. D’habitude, elle est plutôt du genre à préférer les petits plaisirs de la vie, un verre de vin, des blinis au saumon et danser sur les airs de biniou dont nous abreuve Zaza ; les boules c’est pas son kiff, mais ce soir, la Mimi avait un seul objectif : le grisbi de la victoire, histoire de se payer une petite folie.

Moi, , à côté j’attendais que la musique de Zaza, se calme. J’avais les boules, si j’ose dire, et pas seulement celles de bowling. Bruno m’avait raconté qu’il avait laissé un de ses chaussons de bowling, usé jusqu’à la corde, dans un buron en Auvergne, comme un vieil oubli de jeunesse et que sa chaussette avait pris la couleur d’un vieux rubis délavé.

Le moment fatidique est arrivé. La boule a filé, a percuté une quille… mais pas que. Elle a rebondi sur une autre piste, renversant une carafe de vin rouge et le bol de  ketchup. Un désastre. La tache sur le pantalon de la pauvre Mimi ressemblait étrangement à un brugnon écrasé. Elle a juré, toute en grâce, avant de s’écrier : « Mais quel gourbi ! On dirait que t’as une souris dans la tête, Bruno ! »

Finalement, Mimi a sauvé la mise. Elle a pris la boule comme on tient un amant, doucement mais fermement. Elle a fait un pas, puis deux, ses hanches se balançant, et a lancé. La boule a filé droit, sans hésitation. Strike ! Douze points ! La perfection. Elle a souri. Ce soir, le grisbi était à elle. Elle a lancé un regard à Bruno, comme pour lui dire : « Tu vois, c’est ça, la vraie maîtrise ! » Lui, il n’avait plus rien à dire. Sa seule réponse a été un silence gêné, un peu rouge, comme s’il avait vu son bison préféré se faire écraser par une boule de bowling.

et chez vous

Covix	un texte
Elealaureen
François	Entretenir son boulingrin
Ghysou	J’ai un mot, Ghysou est dispensée cette semaine
Jak	Biniou
Jazzy	un texte
Jill Bill	L’herbe plus verte
Marie Sylvie	Boulingrin des oubliés
Martine martin	Je vous offrirai des brugnons
Tortue	Bruno et Robin près du boulingrin
Zaza	En revenant du bourg